C’EST MOI QUI ÉTEINS LES LUMIÈRES

Zoyâ PIRZÂD

Editions Zulma – Za
CONTEMPORAIN 2013

Quatrième de couverture:

Dans un quartier préservé d’Abadan, Clarisse, l’épouse et mère de famille à travers qui l’histoire se déploie, est une femme d’une profonde humanité, intelligente, d’une simplicité de coeur qui nous la rend spontanément attachante. Par ses yeux, on observe le petit cercle qui se presse autour du foyer : un mari ingénieur à la raffinerie, fervent de jeu d’échecs et de politique, les deux filles, adorables et malicieuses jumelles, Armène, le fils vénéré en pleine crise d’adolescence, et la vieille mère enfin qui règne sur la mémoire familiale. Pourtant la très modeste Clarisse, cuisinière éprouvée qui se dévoue sans compter pour les siens, va bientôt révéler sa nature de personnage tchekhovien, au romanesque d’autant plus désarmant qu’il se montre on ne peut plus retenu. De nouveaux voisins se manifestent en effet, une famille arménienne débarquée de Téhéran qui va très vite bouleverser l’équilibre affectif de notre femme invisible. Tout l’art de Zoyâ Pirzâd est de brosser à petites touches impressionnistes d’une grande justesse visuelle le portrait d’une société patriarcale scellée par les usages et traditions des femmes. Et de restituer la réalité de la vie des Arméniens d’Iran pris dans l’ambiance plus vaste d’un pays d’accueil, cette Perse à la fois moderne et antique dont ce beau et fort roman dévoile pour nous la complexité culturelle et sociale.


Clarisse est une femme au foyer comblée. Mariée à un homme gentil qui gagne correctement et honnêtement sa vie, qui n’a pas de vices caractéristiques. Mère de trois enfants, la vie de la famille est paisible, routinière même. Sans qu’il y ai à s’en plaindre, cela ne coule pas la joie et le bonheur pour autant, il y a comme un sentiment de lassitude dû à l’habitude. Il suffit d’un élément pour faire basculer tout ça, et cela arrivera avec l’emménagement de nouveaux voisins.


Le roman nous emmène dans les tréfonds de l’Homme, sur la différence entre ce que l’on perçoit des gens et qui ils sont réellement. Il est question de castes, de hiérarchie sociale, où votre lieu d’habitation défini qui vous êtes, où votre niveau hiérarchique à votre travail montre votre rang dans la société. Si vous croisez des gens plus élevés, ils vous feront bien comprendre qu’ils ne veulent pas être servi au même restaurant !Il y a cette obligation de devoir se conformer aux us et coutumes, surtout pour les femmes, respecter de ne pas avoir la parole dans sa propre maison car les autres décident pour vous.En effet ce livre exploite à fond un sujet, cette capacité qu’ont les gens à mieux savoir que les autres ce qu’il convient de faire, à diriger autrui selon leur propre volonté plutôt que de laisser la personne concernée choisir elle-même.


Clarisse est un personnage qui parle peu, effacé, oublié de ses proches, sauf pour les reproches. Sous prétexte qu’elle est gentille et douce, les gens l’écrase pour se sentir supérieurs. Mais elle pense, réagit, mais ils ne l’écoutent pas et ne comprennent pas qu’elle puisse avoir des envies, des doutes, une simple conscience. Une femme dominée qui sent souffler le vent de la révolte.


Un roman incroyable qui ne vous laissera pas un temps de répit. Chaque protagoniste a son intérêt, son histoire, son paraître, ses secrets. C’est brillamment orchestré, d’une douceur enveloppante alors que les sujets sont parfois très sensibles. Riches, pauvres, amoureux, rejetés, tous ont leur rôle dans ce livre, et j’ai un gros coup de coeur pour Clarisse qui voit toute sa vie sous un autre aspect. Brillant !

★★★★★

5 réflexions sur “C’EST MOI QUI ÉTEINS LES LUMIÈRES

    • B.Doing dit :

      On m’a déjà dit ça, j’ai vraiment en le d’en découvrir d’autres à mon tour maintenant 😊
      Merci pour ton avis en tout cas ! Si tu peux, fonce sur ce roman il est vraiment superbe. Tout en douceur, délicatesse, mais également acide dans le fond 👌

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      • Usva K. dit :

        Je viens de vérifier et je l’ai bien dans ma bibliothèque (je me mélange les neurones entre ma wishlist et ce que j’ai… Il serait temps de mettre à jour mes données… ^^). Je vais essayer de le lire d’ici peu du coup ! 😀 Je te souhaite de très belles futures lectures de Zoyâ Pirzâd. J’avais adoré « Le goût âpre des kakis ». 🙂

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      • B.Doing dit :

        On s’y perds tous ahah Trop de listes, trop d’envies !
        Merci beaucoup, à toit également ! J’ai vu qu’ils avaient celui que tu me conseilles à la librairie de ma ville, ce sera pour bientôt sans doute, merci beaucoup !

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