KARMEN

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Guillem MARCH

Editions Dupuis, Aire Libre – 2020
BANDE-DESSINEE

Quatrième de couverture :

Il arrive qu’on se suicide sur un malentendu. C’est l’heure du rapport : un « code rouge » pour Karmen. A Palma de Majorque, la jeune femme avec ses cheveux roses et ses taches de rousseur, habillée d’une combinaison noire de squelette pénètre dans l’appartement d’une coloc étudiante. Elle se rend tout droit à la salle de bain où Catalina s’est taillé les veines. Dans l’instant suspendu entre la vie et la mort, l’introspection commence pour la jeune fille et son chagrin d’amour, emportée dans une narration fantastique qui jongle en mises à distances et dimensions parallèles.


Karmen est une émissaire, envoyée par les gens d’en haut pour aller recueillir l’âme des récents défunts afin de les envoyer vers leur prochaine réincarnation qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Karmen n’est pas là pour juger, elle se contente de réceptionner puis de renvoyer en prenant un peu le temps de discuter et de faire comprendre certaines choses à ses âmes défuntes.

Cata est une étudiante à l’esprit torturé qui vient de mettre fin à sa vie. Abattue, déprimée de son existence incompatible avec la société, elle choisit le chemin qui la libèrera de cette douleur sourde qu’est vivre. Se croyant dans un rêve à l’arrivée de Karmen, elle ne va pas tout de suite analyser son action par rapport aux autres facteurs qui gravitent autour. Sa décision est personnelle, mais ne va-t-elle toucher qu’elle-même ? Mal aimée, avec une vie qui ne vaut pas la peine d’être vécue? Au gré de son périple à travers la ville avec Karmen, elle va croiser d’autres âmes, d’autres vécus terribles ou des morts tragiques. La justice n’existe pas sur l’instant, tout se paye « à la fin » lors de la réincarnation. Une question de Karma, où toute décision trouve un écho lorsque l’on prend le temps d’y réfléchir un peu pour voir au-delà de soi-même.

Un roman graphique magnifique (un gros travail sur les plans, les dimensions, le réel avec l’immatériel). Une nouvelle fois l’émotion m’a submergé, m’arrachant des larmes. Beaucoup de ressenti avec cette lecture, au point qu’il sera difficile d’en parler avec exactitude. D’une part pour la tristesse des rencontres, de l’autre pour la finalité de l’oeuvre. Nous nous rendons compte de ce que nous possédons, de la richesse qui compose l’amour de nos proches, une fois que nous l’avons perdu. Égoïstement, lâchement, il est plus facile de tourner le dos et de s’enfuir que d’assumer ce qui est devant nous pour en prendre soin et l’embellir. Votre vie est si fragile, si ténue, prenez-en soin. Profitez de chaque instant pour vous propulser vers un avenir plein de bonheur au lieu de vous barricader derrière des murs de souffrance et de désolation. Le fil peut se couper à tout instant, alors colorez-le, tel un rêve éveillé.

★★★★★

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