LE CHEMISIER

9782203168770
De Bastien VIVES

Quatrième de couverture :
Étudiante en Lettres classiques à la Sorbonne, Séverine n’est ni belle, ni laide, ni brillante, ni médiocre. La jeune femme coule une existence banale, sans éclat mais sans drame, aux côtés d’un compagnon qui lui prête moins d’attention qu’aux séries télévisées ou aux jeux vidéo. À l’issue d’un baby-sitting, elle se voit prêter un chemisier en soie qui va mystérieusement changer sa vie. Du jour au lendemain, les hommes posent sur elle un regard différent, chargé de désir. Le vêtement est-il doté d’un pouvoir magique ? Séverine l’ignore, mais elle constate qu’il lui permet de se sentir davantage en confiance. Et de reprendre en main son destin…


Les dessins sont tout en simplicité, ce qui permet une lecture rapide et discrète, à l’instar de son personnage principal. Quand au scénario, il y a du positif à mon sens et du beaucoup moins positif voir négatif. Le bon est que je rassemble cette bd avec le roman King-Kong théorie de Virginie DESPENTES. A l’intérieur de ce dernier l’auteure explique que lorsqu’elle a commencé la prostitution, elle aimait s’habiller différemment de son habitude, porter des chaussures à talons, des jupes, des collants. Des vêtements différents pour une femme différente. La liberté d’être qui elle voulait, de faire ce qu’elle souhaitait sans se sentir entraver par sa personnalité ou les habitudes. Le regard des hommes aussi était agréable disait-elle car elle sentait leur attirance contrairement à l’ignorance dont elle était coutumière (sans être oublié elle n’attirait pas l’œil comme une jupe courte peut malheureusement le faire …). Se sentir désiré, désirable, libre de faire des choses interdites pendant qu’elle « jouait son rôle ». Le chemisier démarre sur cette idée et je trouve cela super intéressant car il est vrai que parfois un rien peut nous donner des ailes, une assurance insoupçonnée. Une féminité oubliée ou ignorée.

En revanche par la suite on tombe dans le côté néfaste du désir, avec la surenchère. Notre personnage ne devient plus aux yeux des hommes qu’un objet sexuel, une beauté à acquérir. La sexualité refoulée depuis un temps chez elle explose, elle veut tout, tout de suite. Ce que je peux comprendre quand on est frustrée depuis plusieurs années, mais là elle pète littéralement un câble. Une scène en particulier ne m’a pas plut. Elle est dans une voiture, et un homme vient se masturber à la fenêtre en regardant son décolleté. Et que fait-elle? Elle accompagne l’homme dans la manœuvre tout en restant de l’autre côté de la portière … Je trouve tout peu crédible voir improbable sa réaction. Le place de la femme, de sa féminité aux yeux des hommes est ici très malaisante et malsaine pour moi.

Après le fait que le personnage ne veuille plus porter autre chose que le chemisier car elle a l’impression de perdre son assurance et sa féminité je comprends. Mais de là à penser qu’il est l’unique source de ses grâces, c’est dommage. Je pense que j’aurais apprécié une autre fin moins glauque où elle aurait appris à être femme avec ses vêtements habituels grâce à une confiance acquise, et un état d’esprit plus mûr car plus apte à saisir son potentiel érotique (grâce aux deux jours avec le chemisier). Au final elle n’apprend pas grand chose et semble reprendre sa vie là où elle l’a laissé auparavant à quelques détails près.

Une bonne lecture au potentiel indéniable, un coup de crayon que je trouve sublime, mais un scénario qui dérive et vient se planter dans un arbre pour moi … Une pointe de déception sans être une mauvaise lecture pour autant. Mitigé en somme. Peut-être faudra-t’il que je relise cette bande-dessinée dans quelques temps pour voir si mon opinion a changé depuis.

★★★★★

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