LA GRANDE MURAILLE

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De Claude MICHELET

Quatrième de couverture : Ce n’est qu’un champ de pierres que cette pièce de quatre-vingts ares que l’oncle Malpeyre lègue à son neveu Firmin, pour lui « apprendre à vivre » jamais personne n’a jamais pu cultiver ce coin de causse du Quercy. Bel héritage ? Cependant le jeune homme décide de relever le défi qui lui est lancé : sous les pierres, il y a forcément de la terre, et Firmin commence à dépierrer… Ce travail insensé – dans le village, on le tient pour fou – occupera toute sa vie. Car, après avoir fait resurgir la terre et planté de la vigne et des arbres fruitiers, Firmin, revenu de la guerre, entreprendra d’utiliser les pier-res de son champ à la construction d’une grande muraille qui ceindra son domaine.
Un homme et des pierres. C’est la plus simple histoire du monde. C’est aussi l’une des plus belles, dans la lignée de Giono. .


Perdu au fin fond de ma bibliothèque, ce petit roman provient du vieux grenier poussiéreux de la maison familiale. Souvent mentionné par ma mère, il s’annonçait prometteur. Avec son petit nombre de page il ne paye pas de mine, fini en moins de trois heures, il m’en aura fallu bien plus pour encaisser son message philosophique.

Firmin, jeune homme sans attache avec un petit côté bagarreur qui se met marge de la société et de sa famille, se retrouve à hériter d’un petit lopin de terre. Disons plutôt d’une carrière de pierre puisque son lot se trouve enseveli sous un tonne de ces petites choses, avec un coin servant de débarras au fil des ans. Relativement satisfait de cet endroit, il essuie les rires et les blagues des gens du village car ce coin n’a jamais rien valu et ne vaudra guère plus avec le temps. Voulant leur montrer qu’ils se trompent tous, Firmin a l’idée de réhabiliter l’endroit en déblayant, enlevant les pierres qui jonchent le sol. Il fait une petite enquête et découvre que sous cette épaisse couche de roche se trouve une terre superbe abritée du soleil grâce à cette nappe protectrice justement. Les jours passent et l’idée d’utiliser ces pierres pour construire un mur d’enceinte lui vient. Malgré les quolibets des gens, la pression de sa famille, il envoi tout ce petit monde promener et s’attaque à sa construction. La guerre arrive, les années filent sans rien apporter de nouveau dans la vie de Firmin sinon une amitié d’une force incroyable avec son cousin devenu prêtre. Passé tout ce temps, le mur n’a cessé d’obséder Firmin qui se relance dans sa construction une fois revenu au pays. Le livre décrit ses doutes face à l’ampleur du travail, sa peur de ne pas avoir le temps de finir, sa satisfaction devant ce qui a été accompli, mais aussi la tristesse d’être ainsi reclus du monde à cause des autres. Non souhaité, cette vie d’ermite est subite à cause des gens qui le prennent pour un fou, lui qui au contraire est le plus sain de tous. A chaque jour suffit sa peine, chaque soir il rentre heureux à son logis et songe à ce qu’il fera demain, puis le jour suivant.

Pour être honnête la fin du livre m’a fait mal au cœur, mais elle est juste. Sa morale est que peu importe ce que l’on choisi de faire de sa vie, qu’importe le regard moqueur des autres, l’important est de savoir si cela vous a rendu heureux. Si l’on vous juge et vous rejette par incompréhension, ce qui prime est qu’une fois revenu à votre foyer vous vous sentiez apaisé et confiant en le travail accompli la journée durant. Même si en finalité cela n’a rien d’exceptionnel, d’utile, d’intérêt propre, il s’agit de votre œuvre, de la satisfaction d’être allé au bout de son idée, avoir su tenir tête aux cancans, n’avoir jamais baissé les bras.

Un magnifique message d’espoir et de confiance en sois, tout comme d’amitié car quoi que les années soient passés le prêtre et Firmin ont su se retrouver et s’entraider. Le mur de pierre tient sans ciment, tout comme une relation n’a pas besoin de preuve physique pour marquer sa puissance et sa résistance face à l’épreuve du temps.

Magnifique texte sur les choix que l’on fait concernant la direction de notre vie, accomplir ses rêves et envie peu importe qu’ils soient utiles ou intéressants à la société. Qu’importe qu’ils soient incompris de nos pairs tant qu’ils nous apportent satisfaction et bonheur. Bienheureux ceux qui savent aller vers le but qu’ils se sont fixés malgré le nombre d’années que cela impose.

★★★★

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